L’Institut Fraser ne veut pas d’un salaire minimum à 15$
Comme Au bas de l’échelle et plusieurs autres organismes communautaires qui défendent les travailleurs non syndiqués, et comme la FTQ qui vient de se positionner en faveur du salaire minimum à 15 dollars, l’Institut Fraser est au courant des mobilisations, aux États-Unis, des travailleurs employés par des administrations ainsi que par des McDonald’s et autres fast food, qui réclament un salaire décent et qui ont obtenu 15 $/h (Seattle, San Francisco) ou sont en passe de l’obtenir (État de New York). Mais Fraser, cet organisme « non partisan » mais voué à la défense de l’idéologie néolibérale, n’en tire pas les mêmes conclusions : pour lui, il ne faut surtout pas augmenter le salaire minimum car les employeurs ne vont plus embaucher et cela appauvrira les travailleurs au salaire minimum, sans résoudre le problème des ménages pauvres.
Comment expliquer de telles divergences de points de vue ? Fraser s’appuie sur de (vieilles souvent) études qui raisonnent toujours à partir des mêmes modèles théoriques pour établir des statistiques… que la réalité dément sans cesse : partout où le salaire minimum a augmenté de façon conséquente (Québec entre 2005 et 2010, États-Unis, Brésil, etc.), il n’y a eu ni pertes d’emplois (au contraire même !) ni appauvrissement – ce phénomène n’interviendrait que si le plafond de revenus admis pour verser une prime au travail n’était pas relevé en même temps que l’on augmente le salaire minimum.1
En fait, ce n’est pas le salaire minimum à 15 dollars qui fait peur à l’Institut Fraser aujourd’hui, ce sont les mobilisations de travailleurs qui commencent à gagner le Canada…. À suivre donc !
1Pour un tour de la question, l’interview de Philippe Hurteau, chercheur à l’Institut de recherches et d’informations socio-économiques (IRIS) sur Radio-Canada le 3 mars dernier : <https://www.facebook.com/events/908866295848824/permalink/919571914778262/>