L’individualisation de la santé mentale au travail
Près du quart de la population canadienne a des problèmes de santé mentale au travail, selon la Commission de la santé mentale au Canada. Dans une note de recherche, L’IRIS souligne que ces problèmes l, pas nouveaux, sont cependant très médiatisés en ce moment. En fait, les grandes entreprises comme Bell et Morneau Sheppel font campagne et pression sur les pouvoirs publics pour prendre des mesures, car les problèmes de santé mentale font baisser la productivité. Cependant, signale le portail santé mieux être du gouvernement québécois (http://sante.gouv.qc.ca/conseils-et-prevention/le-travail-et-la-sante-mentale), les problèmes de santé mentale au travail résultent le plus souvent des conditions de travail, comme en témoignent les phénomènes de burn-out ou d’épuisement professionnel. Sans compter le stress et les anxiétés causés par les surcharges de travail, le manque de soutien et de reconnaissance, le manque d’autonomie au travail, le manque de communication et d’information; le manque d’ouverture…, et la précarité de l’emploi.
L’IRIS souligne que l’offensive médiatique ressemble à une individualisation du problème. Et de prendre ces exemples : « Votre supérieur hiérarchique vous fait la vie dure? Il ne faut pas en chercher la cause dans les politiques de rationalisation adoptées par la haute direction qui l’incite à faire pression sur vous. Votre boss a une personnalité de type narcissique, voilà tout. Le matin lorsque vous arrivez au bureau après avoir déposé votre enfant à la garderie, vous avez envie de vous enfermer dans les toilettes pour pleurer? Cela n’a rien à voir avec l’augmentation des frais de garde ou l’absence de programme de conciliation travail-famille dans votre entreprise. Vous avez simplement une fragilité émotionnelle et le programme d’aide aux employés est là pour vous appuyer dans vos efforts d’adaptation. ». L’IRIS dénonce donc la « corporatisation » de la santé mentale, qui se focalise « sur ce qui ne va pas chez le travailleur »; on fait sauter le tabou sur la santé mentale au travail, en le présentant comme un problème de fragilité individuelle.