Depuis le mois de janvier, la FNEEQ a été invitée à participer presque simultanément à trois consultations : les effets de la pandémie sur l’enseignement pour le Conseil supérieur de l’éducation ainsi que la santé mentale étudiante d’une part et la réussite d’autre part pour le ministère de l’Enseignement supérieur (MES). La troisième était accompagnée d’un échéancier particulièrement contraignant pour celles et ceux qui souhaitaient y participer. Or, nous avons compris, à travers les propos de divers intervenants lors de la journée de lancement du Chantier de la réussite, le 1er février, que les organisations patronales avaient eu la chance de s’y préparer beaucoup plus adéquatement en participant à des comités préparatoires tout au long de l’automne 2020. Cette disparité de traitement entre les partenaires de l’enseignement supérieur est aussi devenue évidente lors de la participation aux ateliers : alors que notre fédération syndicale, qui représente 30 000 enseignantes et enseignants dans les cégeps et les universités, était limitée à la présence d’une seule personne par jour, nous avons constaté que les directions d’établissements ainsi que les organisations étudiantes assistaient pour leur part en grand nombre aux discussions. Nous sommes en droit de nous demander s’il s’agit d’une réelle consultation des différents groupes qui œuvrent dans le milieu.
Nous nous interrogeons sur cette façon de faire de la part du ministère. S’il est un sujet qui concerne au premier chef les enseignantes et les enseignants des cégeps et des universités, c’est bien celui de la réussite. Nous avons d’entrée de jeu déploré le peu de considération accordé aux enseignantes et aux enseignants à la fois aux étapes de la préparation de ce chantier et de la consultation, et nous demandons maintenant au MES de corriger le tir à celle de l’élaboration du plan d’action sur la réussite qui en découlera. Nous tenons en outre à lui rappeler que le succès de tout projet en enseignement supérieur passe nécessairement par une concertation étroite avec celles et ceux qui côtoient quotidiennement les étudiantes et les étudiants, et ce, dans le respect de leur jugement et de leur autonomie professionnelle. Notre mémoire est actuellement en préparation. Dès qu’il sera complété, il sera accessible sur le site web de la FNEEQ.
Dans un autre ordre d’idées, l’annonce faite récemment par la ministre Danielle McCann d’un retour graduel des étudiantes et des étudiants sur les campus des cégeps et des universités a suscité de nombreuses réactions. Si plusieurs personnes s’en sont réjouies, d’autres ont manifesté de l’inquiétude ou des réserves, notamment quant à la sécurité des milieux d’enseignement (ventilation des locaux, évaluation des facteurs de risque, vulnérabilité des personnes ayant certains problèmes médicaux). Dans tous les cas, nous croyons que les décisions locales doivent être prises en collaboration étroite avec les enseignantes et les enseignants.
En outre, la ministre a semé la confusion en sous-entendant l’imposition d’un enseignement comodal généralisé. À cet égard, la FNEEQ tient à rappeler ses positions, renouvelées à maintes reprises, en faveur de l’enseignement en présence, qui doit être privilégié et maintenu en tout temps là où il existe. Sous prétexte d’une accessibilité accrue, certaines directions voudraient introduire ce mode d’enseignement, ce qui aurait pour conséquence d’alourdir considérablement la tâche des enseignantes et des enseignants tout en présentant des difficultés considérables sur le plan pédagogique. D’autres solutions doivent être envisagées à court terme pour favoriser le retour sur les campus. Quant à l’enseignement post-pandémie, la FNEEQ réclame une réflexion collective pour établir des balises essentielles à l’intérieur desquelles le développement de l’enseignement à distance pourrait s’effectuer si et seulement si ce dernier s’avérait nécessaire.
Solidairement vôtre,
Le comité exécutif de la FNEEQ-CSN