Par Guy Rolland
Nul besoin de convaincre qui que ce soit de l’importance de la santé psychologique sur le mieux-être et la qualité de vie, tant au travail que dans la vie personnelle et familiale. C’est pourtant un des volets de la santé globale qui est souvent ignoré ou négligé car il est victime de perceptions et de jugements. A titre d’exemple, les problèmes de santé psychologique sont, parmi les causes d’invalidité, celle qui connaissait en 2010 la plus forte croissance (1). Entre 2002 et 2012, la proportion de la population québécoise âgée de 15 ans et plus qui estimait avoir une santé mentale très bonne ou excellente est passée de 71,8% à 68,4% (2).
Mais comment peut-on évaluer notre niveau de santé psychologique ? Contrairement à la plupart des problèmes de santé physique, la santé psychologique est difficilement mesurable et son évaluation dépend souvent de facteurs subjectifs et personnels. Ainsi en est-il également de la résistance de chacun à l’égard des diverses situations pouvant jouer sur notre santé psychologique. Les indicateurs sont donc évalués en fonction de notre propre perception et leur niveau critique peut varier d’une personne à l’autre. L’Organisation mondiale de la santé définit ainsi la santé mentale : « Un état de bien-être permettant à chacun de reconnaître ses propres capacités, de se réaliser, de surmonter les tensions normales de la vie, d’accomplir un travail productif et fructueux et de contribuer à la vie de sa communauté » (3)
Les indicateurs
Les indicateurs de détresse psychologique sont de quatre ordres et rassemblés comme suit : (4)
1- Les signes physiques : fatigue ou nervosité, maux de dos, sensation de lourdeur dans la poitrine ou l’estomac, accélération des battements du cœur, tensions musculaires, insomnie.
2- Les signes cognitifs : difficulté à prendre des décisions, distraction (faire des oublis, avoir des problèmes de concentration et d’attention), pessimisme (envisager l’avenir de façon négative), cauchemars, méfiance.
3- Les signes émotifs : Irritabilité, anxiété, dépression, colère, excitabilité.
4- Les signes comportementaux : disputes, agressivité, sautes d’humeur; isolement, non-expression; attitudes rigides; passivité; abus de café, d’alcool, de drogues, surconsommation de médicaments.
Il est à noter que pour que ces signes soient représentatifs, ils doivent s’observer à la suite de changements notables durant une courte période de temps. L’intensité et le nombre des symptômes ressentis varieront cependant d’une personne à l’autre. Il est donc préférable, dans le doute, de consulter un médecin. Le Portail santé mieux-être du Gouvernement du Québec recommande de consulter lorsque : vos symptômes durent depuis longtemps; vos crises d’anxiété se répètent; vous sentez que le réconfort de vos proches ne vous suffit plus; vous commencez à avoir de la difficulté à accomplir vos activités de tous les jours; les membres de votre entourage voient que vous avez besoin d’aide et vous le disent. (5)
Il est possible par ailleurs que l’on estime ces symptômes non significatifs, mais que l’on ressente tout de même un malaise psychologique qui pourrait être dû au stress. L’Association canadienne pour la santé mentale propose un questionnaire d’auto-évaluation de son niveau de stress. Vous pouvez facilement, en cliquant sur le lien suivant, remplir le questionnaire et obtenir en une minute ou deux votre résultat.
Les facteurs de risque
Tel que mentionné précédemment, nous vivons différemment les symptômes de détresse. Plusieurs facteurs détermineront notre façon de réagir à certains événements ou situations, notamment l’hérédité, c’est-à-dire le fait que d’autres personnes de la famille sont ou ont été atteintes de maladies mentales; des facteurs biologiques qui modifient l’équilibre chimique du cerveau (état de stress prolongé, consommation de substances, etc.); des caractéristiques du tempérament de la personne, par exemple une faible estime de soi, une difficulté à s’adapter aux différentes situations de la vie; . des maladies ou des problèmes de santé physique chroniques, par exemple le cancer, les maladies touchant la glande thyroïde, les maladies cardiovasculaires ou respiratoires. Également, la présence de facteurs de stress dans la vie de la personne qui peuvent être liés à son environnement familial (exemples : décès d’un être cher, enfance marquée par des abus, violence conjugale, exposition fréquentes à des conflits), à son environnement social (exemples : itinérance, isolement), à son environnement professionnel ou financier (exemples : perte d’emploi, faibles revenus), de même que la dépendance à l’alcool, aux drogues ou aux jeux de hasard et d’argent.
Par ailleurs, certaines personnes seraient davantage à risque de subir des problèmes de santé psychologique : Parmi celles-ci, les enfants et les adolescents qui ont vécu des expériences familiales difficiles ou qui sont exposés à la violence à l’école; les personnes qui assument seules la charge d’une famille; les personnes qui ont subi une agression sexuelle ou de la violence conjugale; les adultes qui ne travaillent pas ou qui perdent leur emploi; les personnes à faible revenu; les personnes âgées seules ou en perte d’autonomie.
La première étape vers le mieux-être psychologique est la reconnaissance de son état. C’est pourquoi nous avons débuté notre série par un inventaire des indicateurs et des facteurs de risque à la détresse psychologique. Il est important d’apporter une distinction entre la détresse psychologique dont nous avons traitée et les troubles mentaux que nous verrons dans une chronique ultérieure. Nous aborderons dans les prochaines chroniques, l’hygiène de vie et la santé psychologique, les troubles mentaux, l’importance de l’équilibre, la santé psychologique et le milieu de travail, et la maladie mentale chez un proche.
Par ailleurs, nous recevrons avec grand intérêt vos commentaires et suggestions visant à améliorer ces chroniques ou à mieux vous soutenir sur les matières reliées à la santé et à la sécurité au travail. N’hésitez donc pas à communiquer avec nous à [email protected]
(1) https://www.usherbrooke.ca/reussir-en-sante/habitudes-de-vie/sante-psychologique/
(2) http://www.bdso.gouv.qc.ca/docs-ken/multimedia/PB01671FR_portrait_sante_mentale2015H00F00.pdf
(3) http://sante.gouv.qc.ca/problemes-de-sante/sante-mentale/
(4) www.csssouestdelile.qc.ca/fileadmin/csss…/signespsychologiques.doc
(5) http://sante.gouv.qc.ca/problemes-de-sante/sante-mentale/#symptomes-physiques