Le 3 mai dernier se tenait le colloque « Subalternité et agentivité : les enseignant(e)s contractuel(le)s au sein des universités du 21e siècle » dans le cadre du congrès annuel de l’ACFAS, entièrement en ligne cette année. Rassemblant une cinquantaine de participantes et de participants, ce colloque parrainé par le SCCCUM et la FNEEQ-CSN a été une première à bien des égards.
Tout d’abord, ce n’est pas tous les ans qu’est organisé à l’ACFAS un colloque entièrement consacré à la recherche et à la réflexion sur la fonction de chargé de cours. Bien sûr, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) est rompu à cette démarche dans laquelle recherche scientifique et action syndicale se fécondent, mais pour les chargées et chargés de cours, la chose était inédite, ce qui en dit beaucoup sur leur volonté d’être entendu et de prendre la place qui leur revient dans la sphère académico-scientifique.
Ensuite, ce colloque avait la particularité de réfléchir la situation des personnes chargées de cours de l’intérieur, à partir de l’expérience des contractuelles et des contractuels de l’enseignement eux-mêmes. À preuve, des six membres du comité organisateur, cinq étaient des collègues chargés de cours actifs dans différentes institutions, dont l’Université de Montréal (Françoise Guay, Gwenn Scheppler, Pierre-David Desjardins, Godefroy Desrosiers-Lauzon et moi-même). La sixième, Marie-Pierre Boucher (UQO), une alliée de longue date, était une ancienne chargée de cours devenue professeure. Des 22 participant(e)s qui ont nourri nos réflexions, 18 étaient, à un titre ou à un autre, des enseignantes et des enseignants contractuels.
La contribution de ce colloque ne se limite pas à sa forme ou à sa démographie. Le colloque se voulait simultanément un coup d’éclat théorique en appelant à un changement de paradigme dans la manière de concevoir les conditions d’exercice et l’action des enseignantes et enseignants contractuels. Tandis que la littérature les présente souvent de manière misérabiliste (des « précaires »), l’approche du comité organisateur visait à mieux comprendre leur capacité d’agir, d’investir les institutions universitaires et de lutter pour changer les choses. Croiser la théorie subalterne avec l’étude sociopolitique de l’action, des défis et des revendications des contractuelles et contractuels de l’enseignement semblait donc être une avenue possible pour comprendre les rapports de domination que vivent les personnes chargées de cours (bien qu’il faille convenir que cette hypothèse conceptuelle – les chargés de cours comme subalternes – est loin d’avoir été entièrement corroborée, et ce, pour plusieurs bonnes raisons).
Enfin, sur plan syndical, ce colloque a été l’occasion d’échanges entre des officiers des quatre centrales syndicales représentant les personnes chargées de cours au Québec (la CSN, le SCFP, la CSQ et l’AFPC), ainsi qu’avec la plus grande association canadienne d’universitaires, l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU). S’il est trop tôt pour dire ce qui émergera de ces discussions, tous se sont néanmoins entendus pour dire que c’est par l’action collective que les chargées et chargés de cours pourront faire advenir un régime universitaire véritablement égalitaire pour toutes ses artisanes et tous ses artisans en enseignement.
En attendant la parution des actes, on ne peut qu’appeler à plus d’échanges de ce type, y compris avec nos collègues professeurs!
Michaël Séguin,
Vice-président à l’information