Un projet de transformation déjà ficelé ?
La direction de l’Université de Montréal ne semble pas à une contradiction près : alors qu’elle assure en assemblée universitaire ne pas avoir de projet précis, mais vouloir consulter (voir nos infolettres des 5 février et 4 mars 2016), c’est par le Devoir1 que les chargés de cours et d’autres membres du personnel ont appris que la Faculté de l’éducation permanente (FEP) était susceptible de disparaitre au profit de cours du soir donnés dans les différentes facultés restantes. Rien n’est arrêté, mais comme le souligne Le Devoir, la direction de l’université n’a pas démenti cette éventualité que l’on peut a posteriori déduire en filigrane de la première version du document de consultation, qui ne mentionnait pas la FEP. Comment faut-il interpréter l’oubli ou la part négligeable accordé aux chargés de cours au début du processus ? Tout ceci vient encore renforcer le sentiment que la consultation ouverte est de l’esbroufe et que le projet est déjà scellé.
La communauté universitaire est en train d’organiser la riposte : le Syndicat général des professeurs et professeures de l’Université de Montréal (SGPUM) a déposé une plainte devant le tribunal administratif; le Syndicat des étudiant(e)s salarié(e)s de l’Université de Montréal (SÉSUM) a adopté une résolution lors de son assemblée générale du 10 mars 2016, s’opposant à l’abolition de la FEP et déclarant sa solidarité envers les étudiants, les chargés de cours et les employés de la FEP (qui, rappelons-le, a la particularité de n’employer aucun professeur).2 Le SCCCUM devrait en discuter à son assemblée générale du 14 mars. Comme le souligne Frédéric Kantorowski, président du SCCCUM, dans Le Devoir : « Il n’existe aucun document connu, aucun diagnostic, aucune évaluation qui justifie de mettre fin à une expertise largement reconnue et appréciée en tout premier lieu par les étudiants de la FEP. On a une formule originale qui marche. […] La question qu’il faut se poser c’est, compte tenu des particularités de l’éducation permanente, de l’expertise que cela requiert, qui serait gagnant dans une éventuelle opération de démantèlement »
1Voir le Devoir du 5 et 6 mars 2016 : http://www.ledevoir.com/societe/education/464719/un-projet-de-refonte-de-l-universite-de-montreal-cree-des-remous
2 Extrait de l’assemblée générale du SÉSUM du 10 mars 2016 :
Résolution portant sur l’abolition de la FEP
- Attendu que plusieurs rumeurs laissent entrevoir une abolition de la FEP dans le cadre de la transformation institutionnelle du rectorat;
- Attendu que la FEP est la seule faculté facilitant l’accès aux études universitaires pour les personnes sans parcours académique équivalant et/ou étant sur le marché du travail et/ou vivant une situation familiale ne pouvant leur permettre d’intégrer les structures d’étude s de baccalauréat;
- Attendu que la FEP est la seule faculté œuvrant dans l’éducation aux adultes à l’Université de Montréal;
- Attendu que la FEP offre une diversité de programmes répondant à plusieurs étudiants;
- Attendu que des auxiliaires d’enseignement et assistants techniques étudiants et non‐étudiants oeuvrent à la FEP;
Il est résolu à l’unanimité que le SÉSUM s’oppose à l’abolition de la FEP et que le SÉSUM soit solidaire envers les étudiants, les chargés de cours et les employés de la FEP.