Pandémie à l’Université de Montréal : « le business as usual », c’est assez!


Les employé(e)s de l’UdeM s’unissent pour dénoncer l’inacceptable

Les syndicats et associations représentant les employé(e)s de l’Université unissent leur voix dans une lettre au recteur dénonçant l’Université pour sa gestion unilatérale et fermée de l’adaptation de ses activités à la pandémie, de même que pour le peu de cas qu’elle fait de ses salarié(e)s.

Monsieur le recteur,

Au mois de mars 2020, la pandémie frappait le Québec. Pour l’Université de Montréal, il fallait à tout prix mettre en place d’urgence des changements organisationnels afin de « garder l’Université ouverte ». Ces changements majeurs, qui devaient être à l’origine temporaires, sont devenus quasipermanents pour plusieurs travailleurs de l’Université de Montréal. La gestion de crise du début ne peut pas s’inscrire dans la durée comme le fait pourtant la direction de l’Université de Montréal.

Les réalités avec lesquelles les travailleurs.euses des syndicats universitaires de l’Université de Montréal doivent composer sont certes diverses, mais toutes problématiques. Bien sûr, on considère souvent les personnes qui ont un emploi comme étant des privilégiées de notre société. Cependant, la hiérarchisation des souffrances est une pente bien glissante, car la souffrance des un.e.s n’invalide pas celle des autres. Assurer le service essentiel de l’éducation comporte des risques et entraîne des conséquences négatives parfois dramatiques sur la santé psychologique, sociale et physique des travailleurs.euses. Certaines de ces conséquences sont d’ailleurs souvent amplifiées en raison de responsabilités personnelles ou familiales ou encore de vulnérabilités personnelles.

Plusieurs syndicats de l’Université de Montréal ont proposé à maintes reprises à la direction de l’Université de Montréal des solutions concrètes pour atténuer les impacts de la pandémie sur la santé mentale et physique des travailleurs.euses, dont des mesures différenciées en fonction des réalités variées, mais en vain. Bien qu’elle se dise prête à accommoder certain.e.s membres ou encore à faire droit à des demandes particulières, l’Université de Montréal semble transposer la responsabilité de la santé de ses travailleurs.euses aux individus, en leur proposant des activités pour « prendre soin de soi » (relaxation, méditation, yoga, etc.), refusant de convenir de mesures concrètes permettant à tous et toutes de vivre humainement cette pandémie.

Depuis près d’un an maintenant, l’Université de Montréal semble toujours fonctionner à plein régime, comme si les changements organisationnels imposés aux travailleurs.euses de l’Université de Montréal n’avaient aucun impact sur leur quotidien. Le manque de reconnaissance associé à la charge de travail, qui s’est considérablement accrue pendant la pandémie, et le refus de convenir de mesures équitables et transparentes de soutien et d’accommodement nous portent à croire que les décisions sont basées sur des considérations managériales. L’université a pour missions «l’enseignement supérieur, la recherche, la création et les services à la communauté ». Mais elle semble avoir oublié que pour remplir ces missions, elle doit aussi prendre soin de sa propre communauté.
Le SEUM-1244, le SCFP-1186, le SCCCUM, le SÉSUM, l’AMC2EM et le SGPUM dénoncent et déplorent le manque de collaboration de l’Université de Montréal dans la gestion interne de la pandémie. À titre d’employeur mais aussi d’institution, l’Université de Montréal doit tenir compte des conséquences de la pandémie sur l’organisation du travail et les conditions d’exercice de la tâche et prendre des mesures concrètes et collectives pour diminuer la détresse psychologique et l’épuisement dont souffre une proportion grandissante des travailleurs.euses de la communauté universitaire.

Force est de constater que la stratégie de l’Université de Montréal est d’attendre que les choses « reviennent à la normale ». À titre d’institution publique militant pour la recherche et l’innovation, cette position est tout à fait inacceptable.

Dans son message daté du 7 janvier dernier, le Recteur Jutras interpellait la communauté universitaire en disant : « Tenez le coup ! » Avec respect, Monsieur le Recteur, non, tous ne tiendront pas le coup. Qu’attendez-vous pour agir ?


Syndicat des employés de l’Université de Montréal (SEUM-1244)
Syndicat des employés d’entretien (SCFP-1186)
Syndicat des chargés et chargées de cours de l’Université de Montréal (SCCCUM)
Syndicat des étudiant.e.s salararié.e.s de l’Université de Montréal (SÉSUM)
Association des médecins cliniciens chercheurs enseignants de Montréal (AMC2EM)
Syndicat général des professeur.e.s de l’Université de Montréal (SGPUM)