Sécurité : solidarité avec les employés d’entretien de l’UdeM

Par Carole Yerochewski

La Direction des immeubles de l’UdeM fait peu de cas des conditions de travail de ses employés d’entretien. Ceux qui effectuent le déneigement et l’entretien extérieur, dont les bottes sont trouées[1], se sont vus conseiller de mettre du plastique pour protéger leurs pieds. Pas question de remplacer leurs bottes ! Pourtant, les ententes de convention collective prévoient que c’est l’UdeM qui fournit les équipements et habillements pour l’entretien. « Mais depuis 6 ans, à peu près depuis qu’il y a une nouvelle Direction des immeubles, les ententes sont de moins en moins respectées, les conditions de travail se sont dégradées et deviennent alarmantes » souligne Mario Grégoire, président du Syndicat des employés d’entretien de l’Université de Montréal (SEEUM1186, membre du Syndicat canadien de la fonction publique, SCFP).

Les bottes sont censées être renouvelées tous les ans. Mais avec l’accumulation de restrictions budgétaires, la qualité de l’habillement fourni par l’UdeM n’est plus ce qu’elle était. Une année, les bottes fournies avaient des semelles si rigides qu’il y a eu « deux accidents du travail » précise le président, les personnes ayant dérapé sur le sol inégal de la montagne. Cette fois, l’UdeM a fait savoir que les personnes ayant des bottes trouées devaient « faire [leur] année » et l’année se termine dans trois mois, d’où le « conseil » de mettre du plastique autour des pieds !

« C’est gênant pour une institution de l’envergure de l’Université de Montréal. Après l’histoire des t-shirts qui rétrécissent démesurément au lavage, des tuques de taille enfant, des pantalons qui déchirent au moindre contact, là, ce sont des bottes trouées que l’on ne veut pas remplacer », souligne Richard Quesnel, conseiller syndical au SCFP.

C’est même choquant quand on pense que cette affaire intervient quelques jours après qu’un employé d’une entreprise sous-traitante de l’Université de Montréal ait trouvé la mort, le 19 février dernier, en faisant l’entretien de la rampe du pavillon Roger Gaudry[2] . On s’entend que l’on ne connait pas la cause et que la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST)[3] est en train de mener une enquête au sujet de cet accident aux conséquences mortelles. Il n’empêche: la Direction des immeubles aurait pu se garder une petite gêne dans les circonstances présentes et ne pas refuser de remplacer des bottes pour faire des économies de bout de chandelles, qui risquent de provoquer d’autres accidents du travail.

L’attitude de la direction depuis six ans a fini par écœurer plus d’un employé d’entretien. : « Tout le monde a envie de partir », résume le président du SEEUM. Un constat qui ne cadre guère avec la publicité de l’UdeM sur ses talents d’employeur (19e au Canada, selon le magazine Forbes : un classement à prendre avec un grain de sel).

En négociation eux aussi sur la convention collective, les employés d’entretien ont déjà adopté (à 94%) le principe de prendre des moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève[4] .

[1] <http://scfp.qc.ca/luniversite-de-montreal-demande-a-ses-travailleurs-de-boucher-leurs-bottes-trouees-avec-des-sacs-de-plastique>

[2] L’employé s’appelait Éric Martel. Un message a été diffusé par l’UdeM à la communauté universitaire à ce sujet. Voir <http://www.nouvelles.umontreal.ca/campus/sur-le-campus/20160225-mise-hors-service-de-de-la-rampe-mobile.html> et <http://journalmetro.com/local/outremont-mont-royal/actualites/921927/travailleur-decede-a-ludem-eric-martel-attendait-un-enfant/>

[3] Sur décision du gouvernement Couillard, dans le cadre des mesures d’austérité, la Commission des normes du travail (CNT), la Commission de l’équité salariale (CES) et la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) ont été regroupées. S’il rassure le patronat, ce guichet unique inspire plutôt la crainte que les affaires soient traitées avec (beaucoup) moins d’expertise du côté des syndicats, des organismes communautaires intervenant auprès des salariés non syndiqués et des organismes de défense des droits des femmes

[4] Pour envoyer des messages de soutien au SEEUM, par exemple des motions adoptées en assemblée départementale, écrivez au [email protected] avec la mention «Bottes trouées ». Faites circuler l’information aussi, svp, en solidarité.