Les syndicats se mobilisent contre le projet de loi 70 sur l’aide sociale

Par Carole Yerochewski

Sur le thème « S’en prendre aux plus pauvres, ça va faire ! Non au Workfare ! », une manifestation à l’appel du Collectif pour un Québec sans pauvreté, s’est déroulée le 27 janvier à Québec. Elle était appuyée par l’ensemble des centrales syndicales[1], qui protestent, de concert avec le Collectif pour un Québec sans pauvreté et plus de 200 organisations de la société civile, contre le projet de loi 70 préparé par le ministre du Travail, Sam Hamad (avant le remaniement ministériel). Ce gouvernement se montre plus empressé à obliger les personnes touchant l’aide sociale à travailler pour cette maigre aide qu’à faire en sorte que le salaire minimum soit à un taux décent (encore une fois, le salaire minimum n’augmentera au 1er mai prochain que de 25 cents, une misère le portant à 10,75$, ce qui ne permet pas de sortir de la pauvreté même en travaillant à temps plein, sachant que le seuil de faible revenu avant impôts était en 2014 de 24 000 $/an).

Le projet de loi 70 consiste ni plus ni moins à promouvoir le workfare : toutes les personnes qui font une première demande à l’aide sociale devraient participer à des programmes d’insertion par l’emploi et seraient sinon punies en se voyant couper la moitié de l’aide, qui est déjà amplement insuffisante (623$ par mois pour une personne seule). Or, ces mesures d’insertion à l’emploi n’ont jamais fait leur preuve : les fluctuations dans le nombre de personnes à l’aide sociale résultent avant tout de la conjoncture, c’est-à-dire des créations ou suppressions d’emplois, et des réaménagements apportés à l’assurance-chômage. Depuis 1996, le taux de couverture des chômeurs a fortement baissé et le nombre de personnes à l’aide sociale a mécaniquement augmenté – et d’autant plus qu’en 1996, le Régime fédéral d’assistance publique du Canada (RAPC) a aussi été supprimé, reportant toute la charge sur les provinces. Le nombre de personnes à l’aide sociale n’a toutefois jamais été aussi bas depuis les années 90 et c’est d’un véritable entêtement idéologique dont a fait preuve Sam Hadad. Un entêtement dénoncé par des professeurs de l’UQAR qui considèrent que ce projet va « fabriquer des itinérants ».[2]

Ce sont les jeunes qui vont sans doute le plus subir cette réforme, si la mobilisation n’arrive pas à lui barrer la route. Une série d’initiatives régionales sont prévues la semaine du 7 ou 14 février. Le Conseil central Montréal Métropolitain de la CSN s’y associe.[3],[4]

[1] Communiqué de presse des organisations syndicales : http://www.csn.qc.ca/web/csn/communique/-/ap/Comm2016-01-24?p_p_state=maximized#.VqgzoIXhD1c

[2] Voir http://m.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2016/01/22/006-aide-sociale-itinerants-reforme-professeurs-uqar-projet-loi-70-hamad.shtml

[3] Pour consulter les différentes réactions syndicales et communautaires, suivre les liens suivants : <http://www.rcentres.qc.ca/public/2016/01/aide-sociale-des-reculs-inacceptables.html>, <http://www.newswire.ca/fr/news-releases/debut-des-travaux-sur-le-projet-de-loi-70—les-liberaux-doivent-reculer-566820851.html>, < http://www.csn.qc.ca/web/csn/communique/-/ap/COMM2016-01-27b?p_p_state=maximized#.Vqr2MYXhAX8>, < http://objectifdignite.org/2016/01/07/actions-regionales-le-10-fevrier/>

[4] Pour envoyer une carte électronique contre le projet de loi 70 au ministre, suivre le lien : http://www.pauvrete.qc.ca/14029/